Half

Angers - Mai 2025

5 semaines avant mon objectif principal, j’ai pris le départ d’un format L à Angers. L’idée n’était pas de réaliser une performance, mais de me tester sur tous les paramètres : nutrition, transitions, matériel, gestion de l’allure, et stratégie de course.
Bien évidement qu’une fois la tête immergée il était question de battre un maximum de personne même si je devais y laisser ma peau.

Le départ était donné en Mass Start, toujours impressionnant avec 300 athlètes qui plongent en même temps. Particularité de la course : deux sorties à l’australienne, ce qui casse le rythme. Grâce à un bon positionnement initial, je sors de l’eau parmi les premiers en 33 :22 (76e)

Transition 1

Je prends mon temps en me concentrant pour réaliser mécaniquement les actions prévues. Un bref coup d’œil autour de moi m’encourage en notant qu’un bon nombre de vélo sont encore dans le parc. 1 :26 (+7)

Time to go !!! Sur mon vélo, je roule concentré sur ma puissance cible. Je suis surpris et inquiet par ma fréquence cardiaque, proche de son plus haut et qui mettra 20mn à redescendre. Les kilomètres défilent vite, je sens que je suis en forme et que le travail paie. Je suis bien alerte sur les changements de direction, n’ayant pas fait de repérage du parcours et n’ayant pas réussi à lancer le programme voulu sur le compteur vélo.

Un parcours avec de nombreux virages à 90° et des routes de compagnes en mauvais état. Les relances puisent dans mes ressources. Le nombre de rouleur ne permet pas de dépasser comme on le souhaite et il n’est pas rare de voir des pelotons (voir en abriter à son insu). 2 :11 :52 (+18)

Là, les choses se compliquent et apparaissent mes premières erreurs. Je perds de précieuses secondes à tenter d’accrocher ma montre, des gels tombent de ma poche. (+0)

J’ai une méconnaissance totale du parcours, notamment du nombre de boucles à effectuer. Dès les premiers kilomètres, je sens que la course à pied va être un combat.
Le premier 6k est extrêmement douloureux au ventre, avec une sensation rarement ressentie jusque-là. Deux hypothèses : soit la prise de caféine, soit une consommation excessive de glucides dans les heures précédant la course. Dans tous les cas, mon corps ne répond pas comme prévu et je dois abandonner ma stratégie nutritionnelle. J’abandonne le pacing à l’allure et opte pour un pacing à la fréquence cardiaque, soit 1"/km plus lent que ce que j’avais visé. La frustration est grande, car j’ai l’impression de subir, de voir les places s’envoler les unes après les autres. Mais je serre les dents, j’avance, et je franchis finalement la ligne. 1 :46 :32 (-14).

Ce premier HALF est un mélange de fierté et de douleur.
Fierté, car le temps final (4 :51 :26) est très correct, voire très bon, surtout au regard de mon expérience encore limitée. Mais l’intensité physique a été extrême, et la course à pied m’a rappelé combien chaque détail compte.

Il m’apparaît soudainement avec une frappante évidence que je ne ferai pas l’IronMan en sub10 d’ici 4 semaines.

Ironman

Sables d'Olonne - Juin 2025

Un week-end loin d’être reposant
Deux erreurs logistiques majeures ont pesé lourd :

1. Être avec ma famille – ce qui m’a apporté une frustration de ne pas passer assez de temps avec eux, de ne pas manger la même chose qu’eux, pas être sur les mêmes horaires.

2. Avoir choisi une location à 20 km, soit 40 minutes du centre Ironman – un choix qui m’a condamné à de nombreux allers-retours, une perte de temps et d’énergie.

À cela s’ajoute une préparation compliquée : manque de place pour organiser le matériel, gestion des sacs de transition stressante, et surtout, l’impossibilité de réaliser mes séances d’activation prévues. Pas le scénario idéal.

La natation : de bonnes sensations malgré une erreur stratégique

Le départ est donné ! Un rolling start. J’avais calculé précisément mon créneau idéal pour profiter de la marée descendante, de l’étale très courte, puis de la marée montante qui aurait dû me pousser.
Une grosse envie pressante et un triste toilette me retarde pour rejoindre le groupe de nageurs avec lequel j’aurais pu me caler. Résultat : je me retrouve entouré de nageurs moins rapides, obligé de remonter en permanence et de m’exposer en tête. Malgré ça, la natation se déroule bien : peu de vagues, pas de mal de mer, de bonnes sensations. Un premier segment solide, même si je sais que j’ai perdu un peu d’efficacité stratégique.

Je sors de l’eau et voit un athlète qui peine à descendre sa fermeture de combinaison (faîtes qu’il ne me demande rien) « Tu peux m’aider à la descendre ? » « Oui bien sûr » mais je me retrouve moi-même embêté pour l’enlever et m’arrête avec lui une courte minute. Ajoutons à cela mes gels qui tombent au moment de récupérer mon vélo puis ma bombe anti-crevaison… Ce sont des minutes perdues bêtement.

Mon moment ! Je connais ce parcours et je l’adore. Des relances régulières, des routes en bon état, beaucoup de passages à l’ombre et protégé du vent.
Néanmoins je sors une moyenne de 20 watts de moins que prévu, un signe clair que je ne suis pas dans ma meilleure journée, je décide de ne pas pousser sur la dernière heure et m’économiser pour la course à pied. Les kilos perdus ces dernières semaines me permettent de m’envoler dans les bosses. Je quitte le parcours lorsque le soleil cogne.
Mais je suis chanceux : aucune crevaison.

En entrant dans le parc vélo, je constate qu’il reste peu de vélos. Je suis donc très bien placé.
Mais je sais aussi que la course à pied sera mon point faible. J’agis vite, récupère mes sacs, et m’élance pour les 42 derniers kilomètres. J’ai bien appris du Half d’Angers, 4 semaines plus tôt.

Dès les premiers pas, une pensée s’impose : “Encore 3h30 minimum d’effort.”
Il fait 28°C, j’ai oublié de mettre de la crème solaire et ai fait le choix d’un bandana au lieu d’une casquette. Je comprends vite que la chaleur sera l’adversaire principal.

0–15 km : je me contrôle, je me force à ne pas me laisser emballer, je laisse passer beaucoup de coureurs sans m’affoler. Je sais que le marathon se gagne dans la patience.

15–30 km : la difficulté monte. Les gels passent mal, mon estomac me rappelle à l’ordre. Je dois improviser. J’ai envie de fruits et non de ces gels horribles. Je mets en place une routine : m’arrêter à chaque ravitaillement, un premier verre d’eau sur le visage, un verre d’électrolyte, 4 morceaux de pastèque e, une compote et un dernier verre sur le visage. Je ne sais toujours mon classement ni mon temps, je vois mon allure monter et décide de ne plus y faire attention, je me fie aux sensations.

30–40 km : le compte à rebours. Les jambes sont lourdes, la chaleur écrasante, mais je tiens.

42 – finish line : Plus que 2 petits kilomètres, on « accélère » pour passer à 5 »/kil

« Antoine ! You are an IronMan ! » Raté, moi c’est Antonin. Je franchis finalement la ligne. Plus une once d'énergie en moi, j’ai brièvement le temps de me retourner et voir 9h54. Je viens de finir mon premier Ironman en moins de 10 heures.

Ce premier Ironman restera comme un mélange de lucidité, douleur et fierté.
Lucidité, car j’ai vu l’impact concret des erreurs logistiques et stratégiques.
Douleur, car la course à pied sous 28°C a été un vrai supplice.
Fierté, car le rêve d’enfant est devenu réalité : je suis finisher Ironman sub10h.

Au-delà du chrono, cette journée m’a confirmé une conviction profonde : avec méthode, organisation et discipline, on peut repousser ses limites bien au-delà de ce que l’on croit possible.

Finisher IronMan des Sables d'Olonne, 9h54

Finisher Triathlon L d'Angers, 4h51